La vigne est la culture qui génère le plus de revenus en € par unité de surface. Dans notre région, la viticulture traditionnelle s'est développée depuis deux millénaires pour donner les vins de grande qualité que nous connaissons aujourd'hui. Cependant, la qualité a un prix : en Europe, environ 70% des fongicides utilisés sont épandus dans le vignoble.
Les consommateurs demandent de plus en plus une alimentation produite par des moyens durables et préservant les ressources et l'environnement.
Nous ne pourrons répondre à cette demande que si nous développons de nouvelles stratégies de protection des plantes. Dans la production viticole, l’observation, la connaissance et l’expérience ont toujours eu une grande importance et c’est également vrai en science. De fait, notre région a toujours été en pointe pour connecter science et viticulture. Avec Vitifutur, cette tradition sera poursuivie pour faire face aux défis futurs.
La culture de variétés de vignes naturellement résistantes aux maladies est l’une des approches les plus efficaces en viticulture durable. La résistance aux pathogènes responsables du mildiou et de l'oïdium, importés d’Amérique du Nord, est basée sur des facteurs génétiques et a été obtenue par des croisements de cultivars européens avec des vignes sauvages américaines. Plusieurs décennies ont été nécessaires avant de séparer la résistance désirée de l’arôme « foxé » indésirable. L’utilisation des variétés Piwi a permis de réduire considérablement l’épandage de fongicides.
Cependant, la nature évolue et nous devons entretenir ce succès. De nouvelles souches de mildiou capables de contourner la résistance sont déjà apparues. Nous recherchons de nouveaux facteurs de résistance afin de conserver la résistance des variétés Piwi.
Nous utilisons des techniques de biochimie, biologie moléculaire et d’imagerie pour comprendre comment ces nouvelles souches infectent des variétés sensibles ou des variétés Piwi.
Nous développons également des outils diagnostic des nouvelles souches pour connaitre leur propagation. Dans le même temps, nous testons l’efficacité de nouveaux facteurs de résistance, originaires de vignes sauvages d’Asie. Nous introduirons ces résistances dans les variétés Piwi par croisements. L’approche moléculaire nous aidera à obtenir des résultats plus rapides et plus précis dans la production de ces variétés naturellement résistantes, sans utilisation de génie génétique.
Sur la base de ces nouvelles connaissances, nous développons de nouvelles stratégies pour stopper le processus d’infection et réduire ainsi l’utilisation de fongicides. Nos travaux aboutiront à des recommandations concrètes pour les professionnels de la viticulture, mais seront également intégrés à des outils de prévision, comme l’application en ligne Vitimeteo (http…) qui a été développée dans notre région et est utilisée par de nombreux viticulteurs.
Les virus ne sont pas vivants, mais ils utilisent les êtres vivants pour se reproduire et se propager. Les virus infectant les vignes sont principalement propagés par des insectes, mais aussi par des nématodes. La mondialisation et le réchauffement climatique font que de nouveaux insectes amènent des virus auparavant inconnus dans notre région. Quels sont les nouveaux virus transmis et comment se propagent-ils ?
Afin d’avoir une meilleure compréhension de la répartition de ces virus et de leur propagation, des échantillons seront prélevés en collaboration avec nos partenaires viticulteurs et analysés pour détecter les virus déjà connus, par des méthodes sérologiques et moléculaires. Cartographier la répartition des virus permettra de déterminer l’épicentre de l’épidémie. Parallèlement, nous obtiendrons ainsi des informations sur la susceptibilité des variétés cultivées.
À côté des virus connus, de nouveaux virus récemment apparus et d’autres totalement inconnus ne peuvent pas être actuellement détectés.
Nous travaillons donc sur des méthodes et techniques innovantes pour détecter ces virus. Par exemple, de nouveaux anticorps, nommés nanobodies, permettent de discriminer des souches virales sur la base de différences minimes de leur enveloppe protéique. Dans le même temps, des différences de l’ARN viral sont détectées par un diagnostic moléculaire différentiel.
Ces nouvelles approches n’apportent pas seulement des informations sur la propagation des virus, mais elles permettent également de comprendre la transmission des virus de plante à plante.
Pour suivre la propagation des virus en temps réel, différentes variétés de vignes ont été plantées dans des zones contaminées par des virus. Certaines plantes sont greffées sur des porte-greffes résistants aux vecteurs de virus. Nos découvertes seront immédiatement suivies de recommandations concrètes, par exemple sous la forme d'informations aux viticulteurs sur les meilleures variétés à planter dans des zones infectées.
À la différence du mildiou et de l'oïdium qui ont été introduits depuis l’Amérique du Nord, on suppose que les champignons causant les maladies du bois ont toujours été présents dans notre région. Le fait que ces maladies tuent un nombre croissant de pieds de vigne est toutefois un phénomène nouveau. On estime que 15% du vignoble français est actuellement touché par ces maladies et ce chiffre va probablement augmenter. La situation n’est guère meilleure en Allemagne.
Les connaissances dans ce domaine sont encore très partielles. Nous ne savons pas réellement quelle souche de champignon est responsable de l’Esca et des autres maladies du bois. Des essais sur le terrain ont montré que la susceptibilité à la maladie dépend de la variété de vigne. La prochaine étape consistera à vérifier ces résultats avec des expériences dans lesquelles les infections sont effectuées de façon contrôlée. Nous obtiendrons des informations plus solides sur les variétés de vignes sensibles et plus tolérantes.
Cependant, la nature nous aide grâce à une population de vigne sauvage qui se révèle assez tolérante à l'infection par des champignons causant la maladie du bois. Elle est située sur la péninsule de Ketsch, entre Karlsruhe et Mannheim, au sud de l’Allemagne. Cette population menacée d’extinction possède des facteurs génétiques qui, une fois caractérisés, pourront être utilisés pour produire une nouvelle génération de vignes résistantes.
Néanmoins, ce résultat ne sera pas immédiat. Simultanément, nous essayons d’identifier les facteurs qui déclenchent la mort des plantes hôtes. Nous effectuons des expériences sur des cellules en culture de différentes variétés de vigne et sur des plantes entières afin de stimuler le système immunitaire de la plante et d’empêcher le champignon de produire une toxine mortelle.
L’identification de ces facteurs nous permettra de proposer des recommandations concrètes sur des pratiques culturales visant à limiter l'impact des maladies du bois au vignoble.
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